La céramique est un art millénaire qui a trouvé sa place dans nos cuisines et nos intérieurs depuis des générations. Cependant, avec la prise de conscience croissante des enjeux environnementaux, de plus en plus de personnes se posent des questions sur l’impact écologique des objets en terre cuite et émaillée. J’ai essayé de poser ici une rapide analyse de la relation complexe entre la céramique et l’environnement
La Céramique : art et tradition
La céramique est appréciée pour sa beauté intemporelle, sa polyvalence et sa durabilité. Que ce soit une tasse à café faite à la main, un plat artisanal ou une assiette de chef étoilé, la céramique ajoute, en effet, une touche d’authenticité à nos vies. Avez-vous chez vous des objets que vous comptez garder toute une vie, malgré les déménagements, l’évolution de la mode ou de vos goûts ? Les pièces en céramique artisanale sont des beaux objets qui peuvent se passer de générations en générations et qui témoignent de l’époque à laquelle ils ont été créés. Justement, cette beauté cache-t-elle un coût écologique ?
La production de céramique
La fabrication de céramique implique l’utilisation de ressources naturelles telles que l’argile et les minéraux, ainsi que des procédés énergivores, notamment la cuisson à haute température dans des fours. Cela soulève des préoccupations quant à la consommation d’énergie et à l’extraction de ressources. C’est pour cette raison, qu’à l’atelier, je privilégie l’utilisation de terres glanées autour de chez moi et récemment en Brière. De cette manière, en plus de découvrir l’histoire d’une région en analysant sa terre, je limite ma consommation d’argile chez les fournisseurs. Bien sûr, pour mes commandes, je suis obligée d’en consommer. Mais c’est un peu comme limiter ses courses au supermarché et consommer autours… Pour les émaux, j’utilise un maximum de ressources naturelles. Récemment, j’ai récupéré la cendre de bois de chêne sortie tout droit de ma cheminée pour créer un email noir. Pour les cuissons, il faut aussi apprendre à se servir d’un four. Les courbes de cuissons préétablies par les fournisseurs de four ne prennent pas en compte la subtilité de la terre. Si une pièce est mal cuite, elle sera comme « brulée » et pourrait être toxique. En suivant les conseils de Marc Uzan lors d’un stage, j’ai amélioré ma façon de travailler les cuissons pour ne plus travailler à 1260 degrés mais plutôt à 1215 degrés, tout en ayant un meilleur résultat. Il est important de noter que la céramique peut être une alternative plus durable à d’autres matériaux moins respectueux de l’environnement. Je me suis équipée d’une régulation qui offre plus de programmes et de possibilités.
La durabilité de la céramique
L’une des grandes forces de la céramique est sa durabilité. Ainsi, les objets en céramique peuvent durer des décennies voire des siècles, réduisant ainsi le besoin de remplacement fréquent. Les pièces que je produis en céramique artisanales sont non poreuse, ce qui signifie qu’elles n’absorbent ni les odeurs ni les saveurs, contribuant à réduire le gaspillage alimentaire. Lorsqu’elle est utilisée correctement, la céramique peut être un choix écologique. Je recycle toutes les terres et tant que ce n’est pas cuit, ce n’est pas cuit ! Et ça reste à l’atelier.
Céramique et émaux : compatibilité alimentaire
Aussi, une question fréquente est la sécurité alimentaire des émaux utilisés sur la céramique. A l’atelier, je vérifie constamment cette éventuelle toxicité. Par exemple, les émaux créés récemment à base de cendre ne seront pas utilisés sur des pièces alimentaires. Je vous conseille avant d’acheter de la céramique pour un usage alimentaire, de vérifier les informations fournies par le fabricant. Et surtout, je ne jette pas dans la nature le reste de mes préparations ! C’est très polluant. Je les fais cuire et je les amène ensuite à la déchetterie.
L’évolution de la céramique écologique
Face à ces préoccupations, les céramistes cherchent des moyens d’améliorer la durabilité de leur travail. Certains utilisent des méthodes de cuisson plus écoénergétiques, d’autres se tournent vers des matériaux plus écologiques et recyclables. Ainsi, L’innovation dans le domaine de la céramique écologique est en marche, ouvrant la voie à des options plus respectueuses de l’environnement.
Enfin, je reste persuadée que la céramique, tout en ayant un certain impact écologique, offre également des avantages en termes de durabilité et d’esthétique. En tant que consommatrices, nous pouvons choisir des artisanes qui adoptent des pratiques respectueuses de l’environnement et favorisent l’utilisation de céramiques durables. Ainsi, nous pouvons continuer à apprécier la beauté de la céramique tout en minimisant son impact sur notre planète.
